Vendredi dernier, la première grève pour le climat a eu lieu à Paris devant le Ministère de la transition écologique et solidaire. Plus de 1000 jeunes se sont réunis pour dénoncer l’inaction du gouvernement en matière de transition écologique et sociale. Hugo Viel, 20 ans, étudiant en école d’ingénieurs à Paris, fait partie de cette jeunesse qui sèche les cours le vendredi pour rejoindre les Fridays For Future partout dans le monde. Il est l’un des membres de Youth for Climate France, une interface entre les mouvements internationaux de jeunes et le mouvement français. Nous l’avons interrogé.

vendredi 15 février 2019.
- Hugo, comment est né ton engagement écologique ?
Je suis engagé depuis 3 ans dans différentes associations « climat ». Je suis d’une génération ou l’on parle déjà beaucoup de développement durable et de réchauffement climatique. Je me suis très vite rendu compte qu’on allait droit dans le mur. J’ai commencé à faire des petits gestes pour la planète, à privilégier les déplacements en train plutôt qu’en avion, je suis devenu végétarien, je trie mes déchets mais j’ai vite compris que ces petits gestes ne suffiraient pas à sauver la planète du cataclysme qui l’attend si on ne fait rien à très grande échelle pour changer le système.
- Quelles sont les revendications exprimées lors de ces manifestations Youth For Climate ?
Pour commencer nous ce qu’on souhaite c’est un vrai changement systémique. On n’est pas là pour culpabiliser les générations d’avant. Ce qu’on veut c’est changer les moyens de consommer. Il y a unvrai travail de sensibilisation à faire, mais on ne peut pas se contenter de petites actions pour enrayer le phénomène climatique.
A Paris on a fait un effet d’annonce en lançant un ultimatum au Gouvernement vendredi dernier. Quand on est allé devant le Ministère on avait décidé en AG a Jussieu de donner toutes les semaines une leçon au Gouvernement, et si la leçon n’était pas retenue, on a prévenu qu’on punirait par des actions de désobéissance civile.
Vendredi dernier on avait trois revendications : 1. respecter immédiatement l’Accord de Paris de 2015 en diminuant de 4% tous les ans nos GES ; 2. déclencher un état d’urgence écologique et sociale et 3. inscrire dans l’Article 1er de la Constitution de 1958 « La France est une République indivisible, laïque, démocratique, sociale, solidaire et écologique ».
En début de semaine notre seconde leçon au gouvernement a été publiée sur le site de Reporterre, sous forme d’une tribune dans laquelle nous exigeons la décroissance énergétique.
« Chaque baril de pétrole extrait et chaque conteneur d’uranium enfoui est un pas en avant dans le bourbier où nous enfonçons les générations futures : ne pas agir est criminel. La solution au problème de l’énergie que présentent habituellement les institutions est d’une remarquable hypocrisie : « Il suffit d’investir dans les énergies renouvelables pour que celles-ci se substituent aux énergies fossiles, et le tour est joué ! Pour le reste, business as usual ! ». Or on sait aujourd’hui deux choses : 1. les énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse…) ne sont pas la panacée : bien souvent, elles emploient des ressources non renouvelables (métaux, terres rares…) et leur conception peut être à la fois très énergivore et chimiquement polluante. 2. Ces énergies « vertes » ne font actuellement que s’ajouter aux énergies fossiles au lieu de s’y substituer. Par conséquent, la consommation énergétique globale augmente en valeur absolue. On ne viendra pas à bout du problème énergétique sans diminuer la consommation d’énergie globale, que celle-ci soit fossile ou renouvelable. C’est pourquoi nous n’exigeons pas davantage d’énergies renouvelables, mais la décroissance énergétique».
Lire l’intégralité de la Tribune sur le site de Reporterre
- Qu’espère-tu avec la venue de Greta Thunberg et de la délégation de jeunes belges, nééerlandais et anglais qui viennent en France se joindre à la prochaine grève ce vendredi ?
J’espère que cela permettra de faire passer de nouveau un message fort au gouvernement, que cela va accroître la visibilité de ce qui se passe partout en France et dans le monde, de l’engagement et de la détermination de la jeunesse. Vendredi dernier on s’est rendu compte qu’il y avait une vraie attente des médias, qu’on était attendu par de nombreux journalistes devant le Ministère. On a beaucoup parlé de Paris mais il faut noter que des villes comme Bordeaux, Nancy ou Rennes prévoient de se mobiliser aujourd’hui.
- Quel soutien attend-tu des autres mouvements engagés dans la lutte contre l’inaction climatique ?
Je pense que cette lutte n’est pas réservée à la jeunesse. On va faire grève tous les vendredis et on attend le soutien d’un maximum de monde. On n’est pas là pour accuser les générations d’avant. On est dans une situation catastrophique, on va droit dans le mur et il faut changer le système et agir tous ensemble. C’est le seul moyen de réussir une transition écologique juste et solidaire.
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